Comme à l’accoutumée, le monde entier observe chaque année une période de 16 jours dédiée à la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles.
A cette occasion, l’Association des Communes du Burundi (ACO-BURUNDI) à travers le Réseau des Femmes Elues Locales (REFECOM) a apporté sa contribution à cette lutte. Elle a à cet effet organisé un atelier d’échange et de réflexion sur la lutte contre ce fléau. L’activité s’est déroulée du 5 au 6 décembre 2024 au chef-lieu de la Province de Ngozi. Etaient conviés à cette activité les femmes élues communales réunies au sein du Réseau des Femmes Elues Communales(REFECOM), les femmes Administrateurs communaux et leurs époux ainsi que d’autres femmes leaders.
L’atelier a été officiellement ouvert par l’Assistante du Ministre au Ministère de la Solidarité Nationale, des Affaires Sociales, des Droits de la Personne Humaine et du Genre, Madame BARINDOGO Véronique. Le Discours de l’Assistante de la Ministre a été précédé par un mot d’accueil du Conseiller du Gouverneur de Ngozi en charge des questions Juridiques et le mot de circonstance de la Vice-Présidente du Réseau des Femmes Elues Communales (REFECOM).
Dans cet atelier, cinq types d’interventions étaient prévues à l’ordre du jour à savoir :
- L’Analyse de l’ampleur des VBG au Burundi et leur impact sur la vie socio-économique du pays ;
- L’identification des obstacles à la participation de la femme dans les instances de prise de décision et les stratégies/mécanismes d’y faire face ;
- Le rôle des femmes élues communales dans la lutte contre les VBG ;
- Le rôle des chefs collinaires ou de quartier dans la lutte contre les VBG.
- Des témoignages variés
A cet effet, le Ministère en charge du Genre a mis à la disposition de l’ACO-BURUNDI deux experts qui ont développé les thématiques en rapport avec l’ampleur des VBG au Burundi et leur impact sur la vie socio-économique du pays et les obstacles à la participation de la femme dans les instances de prise de décision.
Au sujet de l’ampleur des VBG et leur impact socioéconomique sur le pays, Monsieur Janvier NSENGIYUMVA, chargé de la planification et Etude au sein du Centre d’Excellence pour la lutte contre les VBG au Ministère ayant le genre dans ses attributions.
Selon cet expert, une violence basée sur le genre « est un terme général désignant tout acte perpétré contre la volonté d’une personne, dans le but de lui nuire et résultant de l’inégalité de pouvoir provenant des rôles spécifiques liés au sexe. » Il a ensuite catégorisé les violences en 4 groupes :
- Les Violences Sexuelles ;
- Les Violences Physiques ;
- Les Violences Psychologiques ou affectives ;
- Violences socioéconomiques.
Cet expert a également démontré, chiffres à l’appui, que les victimes des VBG se recensent aussi bien parmi les femmes que parmi les hommes, avec une plus forte dominance féminine.
Violences Sexuelles | Violences Physiques | Violences économiques | Violences Psychologiques | Tueries VSBG | |||||
M | F | M | F | M | F | M | F | M | F |
41 | 1172 | 510 | 2635 | 927 | 4956 | 635 | 3393 | 59 | 115 |
Il a également indiqué que les VBG affectent très négativement la productivité de la victime en général et la productivité de la femme en particulier. De même l’Etat du Burundi consacre une part importante du budget à la prise en charge holistique des victimes des violences basées sur le genre (1.860.000.000 BIF de 2019 à 2021). Or ce montant, dans les conditions normales pourrait être alloué à d’autres projets socioéconomiques d’intérêt public.
Quant à la participation de la femme dans les instances de prise de décision, cette thématique a été développée par Madame Estella NDAHABONYIMANA, Coordinatrice du Centre d’Excellence pour la lutte contre les VBG au sein du Ministère de la Solidarité Nationale, des Affaires Sociales, des Droits de la Personne Humaine et du Genre.
Dans sa communication, l’Experte a fait remarquer que la représentativité des femmes dans les instances de prise de décision est en général très faible, et que même le quota constitutionnel d’au moins 30% dans certaines institutions est appliqué de façon statique alors qu’il peut être dépassé si la volonté politique y était.
L’experte a également montré que la situation est pire dans les postes non électifs, où le taux de représentativité varie entre 5 et 22%. Elle a expliqué cet état de chose par un certain nombre de facteurs d’ordre socio-culturel, économique (faible pouvoir économique de la femme), légaux (insuffisance du cadre légal), etc.
Comme solutions, l’experte propose des actions contenues dans la stratégie genre comme :
- Promouvoir la masculinité et la féminité positive chez les femmes et les hommes, les filles et les garçons ;
- Améliorer le cadre légal relatif à la participation de la femme et de la fille dans les postes électifs et non électifs ;
- Renforcer les capacités des femmes et des filles y compris les groupes spécifiques, sur le leadership transformatif ;
- Renforcer les capacités économiques des femmes et des filles, y compris les groupes spécifiques ;
- Renforcer les capacités des leaders des partis politiques et des confessions religieuses sur l’égalité et l’équité Femme-Homme, Fille-Garçon.
Après ces communications, les activités se sont poursuivies par la présentation des réalisations des représentantes provinciales du REFECOM et différents témoignages des autres élus locaux et d’autres invités en matière de lutte contre les VBG et la participation de la femme dans les instances de prise de décision. Des travaux de groupes ont été organisés et les recommandations suivantes ont été formulées :
Au sujet de la lutte contre les VBG :
- Multiplier les séances de sensibilisation sur la lutte contre les VBG au niveau de la communauté
- Informer les communautés sur la loi VBG
- Sensibiliser la population à dénoncer les cas de VBG
- traduire les présumés auteurs des VBG devant la justice
- Suivre régulièrement l’état d’avancement des dossiers en rapport avec les VBG qui ont été portés devant les juridictions
- Prendre en charge psychologiquement les victimes des VBG
- Prendre les filles et les garçons au même pied d’égalité
Concernant la participation de la femme dans les instances de prisse de décision ;
- Sensibiliser les femmes et les filles pour se faire élire
- soutenir les femmes qui se sont fait élire
- Sensibiliser les hommes pour qu’ils accompagnent leurs femmes dans le processus électoral
- Sensibiliser les hommes pour qu’ils ne soient pas obstacles pour leurs femmes qui veulent se faire élire
- Sensibiliser les leaders des partis politiques pour qu’ils mettent les femmes sur les bonnes positions sur les listes
- Sensibiliser les femmes d’adhérer dans les partis politiques
- Mettre les femmes dans les bureaux politiques des partis